Toutes les photographies présentes sur le site, et notamment dans le cadre de l’exposition virtuelle ci-dessous, sont disponibles à la vente pour soutenir les actions de l’association fondée par Stéphanie Gicquel afin de promouvoir les régions polaires. Pour tout renseignement sur les formats disponibles, le choix de l’encadrement et les tarifs, merci d’utiliser le formulaire de contact en bas de page.
Les expositions de Stéphanie Gicquel sur l’Antarctique ont notamment été labellisées COP21 par le Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie.
L’Antarctique, le sixième continent, presque inaccessible.
Dissimulé tout en bas du globe, le pôle Sud est pour beaucoup moins évocateur que le pôle Nord. Et pourtant, l’Antarctique est tout aussi unique à bien des égards : le continent le plus froid, le plus sec, le plus élevé, grand comme vingt fois la France et dont les glaces renferment plus de 70% de l’eau douce du monde. Un continent sans frontière, sans autochtone, où quelques scientifiques venus du monde entier collaborent le temps d’une saison estival avant, pour la plupart, de se retirer lorsque la nuit polaire s’installe. Les études menées sur les problématiques environnementales et climatologiques démontrent l’importance des régions polaires, et notamment de l’Antarctique, dans la préservation des équilibres majeurs de la Planète.
Terre – glacée – de sciences, l’Antarctique révèle aussi à ceux qui s’y aventurent la beauté de ses paysages infinis, une immensité simple où la glace et le ciel peinent souvent à se rejoindre au loin, très loin, pour définir un horizon éphémère. Tel un océan de glace figé à près de 3.000 mètres d’altitude, dont les vagues sont façonnées par le vent.
Lorsqu’elle s’est lancée dans l’aventure ACROSS ANTARCTICA, Stéphanie Gicquel a souhaité rendre ce continent plus accessible. En rapportant notamment des vidéos et photographies prises tout au long de cette expédition à pied de plus de 2.000 kilomètres au coeur de l’Antarctique. Des images uniques.
Certaines photographies sont plus esthétiques, d’autres plus informatives, mais chacune d’entres elles aura été un défi supplémentaire dans cet univers de glace où la température est parfois descendue en deçà de -50 °C.
Parce que les tirages grand format facilitent une immersion au cœur des paysages glacés de l’Antarctique, les photographies prises durant cette expédition font l’objet d’expositions qui s’adaptent aux petits et aux grands espaces. Elles ont notamment été exposées lors de la COP21, lors de la COP22, dans des écoles et grandes écoles, lors des Universités d’Eté du Medef, dans l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry, à Courchevel, etc. Merci d’utiliser le formulaire de contact si vous souhaitez organiser une exposition.
Retrouvez sur cette page une sélection des photographies prises durant l’expédition ACROSS ANTARCTICA. Cliquez sur une vignette pour afficher la galerie en plein écran et naviguez ensuite entre les photographies avec les flèches du clavier.

Début novembre, nous arrivons en Antarctique sur la base temporaire Union Glacier, en cours d’installation pour la saison estivale. Nous finalisons la préparation de nos équipements. Dès qu’une fenêtre météo favorable se présentera, nous pourrons être déposés sur le point de départ de l’expédition – à environ 2h30 de vol de la base.

Le soleil brille sur Union Glacier, mais les conditions météo sont défavorables sur le point de départ de l’expédition et ne permettent pas au Twin Otter de s’y poser. Nous sommes prêts, nous attendons. Nous prenons aussi conscience du défi qui nous attend : parcourir 2.045 km en ski à travers l’Antarctique, via le pôle Sud.

L’attente continue à Union Glacier. Chaque jour qui passe réduit d’autant les chances de succès de l’expédition, car nous devons être de retour à Union Glacier le 28 janvier au plus tard – date du dernier vol pour le Chili.

14 novembre – c’est parti ! Nous avons 76 jours devant nous pour atteindre notre objectif, et plus de 2.000 km à parcourir en ski pour y parvenir.

Une expédition, ici, commence par un au revoir, lorsque le Twin Otter reprend son envol, nous survole une dernière fois pour nous saluer, puis disparait. Silence. Immensité.

Tout semble si calme. Et pourtant, le vent balaie la glace. De face, il ralentit notre progression. La température ressentie est de l’ordre de -30 °C.

Kilomètre après kilomètre, jour après jour, nous traçons notre chemin vers le pôle Sud. Une ligne droite – autant que possible – et très éphémère. Le vent aura bientôt effacé les traces de notre passage.


Toujours et encore des sastrugi – vigilance pour ne pas casser un ski et pour éviter la blessure.

Le bleu et le blanc s’enroulent dans cette vague de glace. Une sculpture propice à la contemplation et à la divagation de l’esprit dans cet univers sans repère, sans odeur, sans bruit autre que celui du vent.

Nous utilisons une boussole pour nous orienter, et un GPS pour fixer le cap de temps en temps. Le vent et le soleil, lorsqu’ils nous accompagnent, sont des indicateurs de terrain tout aussi efficace que la boussole.

Le jour est permanent en Antarctique durant la saison estivale (qui correspond à notre hiver). Le soleil tourne autour de nos têtes mais ne s’incline ici jamais totalement.

Nous tractons, à la force des bras et des jambes, un traineau (une pulka) avec tous les équipements nécessaires à la réalisation de l’expédition, mais également le matériel photo et video. Une charge de soixante kilos environ qui évolue au gré de notre progression et des trois points de ravitaillement que nous avons prévus.

Il est 22h. Le campement est installé pour la nuit. Un point vert dans l’immensité blanche. Le soleil, lorsqu’il ne disparait pas derrière un voile nuageux, réchauffe un peu l’intérieur de la tente, pas autant toutefois que le réchaud que nous utilisons pour faire fondre la glace nécessaire à nos besoins en eau (environ 4 litres par jour et par personne).

Le pôle Sud n’est plus très loin et la température ressentie chute encore, pour atteindre -50 °C.

23 décembre. 40ème jour d’expédition. Après plus de 900 kilomètres parcourus depuis le départ, le pôle Sud se révèle enfin à l’horizon. Nous apercevons au loin la base Amundsen Scott.

Pas de doute, il s’agit bien du pôle Sud – et du seul panneau d’information rencontré durant l’expédition !

Veillée de Noël au pôle Sud. Jour de repos et de préparation avant la seconde partie de l’expédition. Le temps aussi de prendre quelques photos pour tous les partenaires qui nous soutiennent – ici devant la boule en métal qui matérialise le pôle Sud géographique.

Veillée de Noël au pôle Sud. Un Noël blanc. Il fait -35 °C. La neige, ou plutôt la glace, ne manque pas. Le jour est permanent mais la magie de Noël opère néanmoins.

25 décembre. Après un réveillon de Noël simple et inoubliable au pôle Sud, le moment est venu de repartir. Il nous reste 1.129 km à parcourir, et 34 jours pour y parvenir.

L’horizon parfois disparait, et nous laisse seuls, sans repère, dans le brouillard. La navigation sur les vagues de glace devient alors plus compliquée, mais nous tenons le cap.

Lorsque le vent se lève, et soulève des particules de glaces, le soleil s’entoure parfois d’un halo parfait.

Contourner les obstacles et avancer, toujours, pour atteindre l’objectif.

Alors que l’année 2014 s’achève, nous quittons le plateau Antarctique pour entamer une longue descente de plus de 900 kilomètres jusqu’à la Hercules Inlet qui repose sur la mer de Weddell.

Les formations de glace, sculptées par le vent sont, comme les nuages, sources d’occupation pour l’esprit. Autant de formes, autant de possibilités.

L’Antarctique nous propose parfois un parhélie, également appelé « soleil double ». Relever la tête pour oublier un peu cet horizon fuyant.

Au fur et à mesure que nous progressons vers la côte et redescendons progressivement au niveau de la mer, le thermomètre monte. -30 °C tout de même.

L’immensité de l’Antarctique n’a d’égale que l’immensité du ciel – surtout lorsque le voile nuageux se pose comme un reflet sans fin des glaces de l’Antarctique.

Nous sommes si petits dans l’immensité de l’Antarctique. Et pourtant, c’est bien là le paradoxe de l’Antarctique : un continent qui révèle toute la puissance de la nature aux aventuriers qui osent s’y confronter et, en même temps, un continent fragile face au réchauffement climatique.

Lorsque le brouillard fait disparaître tout repère, les pensées parfois se bousculent. Mais il faut néanmoins tenir le cap jusqu’à la prochaine éclaircie.

L’équipement permet de progresser dans des conditions extrêmes en réduisant au maximum le risque de gelures.

La pelle, oubliée à l’extérieur de la tente, nous permet de sécuriser la tente avec des blocs de glace ou de la neige, et nous est utile également pour récupérer la glace qui sera bientôt de l’eau pure, après passage sur le réchaud ! Le réchaud est allumé trois à quatre heures par jour.

Plus que 500 kilomètres à parcourir pour réussir la traversée de l’Antarctique à pied. Et très peu de jours pour atteindre cet objectif. Le brouillard ralentit notre progression. Le temps de sommeil est réduit au maximum – 5 heures par jour en moyenne – alors que les journées de marche s’allongent jusqu’à 12, 13 14 heures.

Combien de temps nous faudra-t-il pour atteindre cette ligne d’horizon bleue, et retrouver le soleil ? Un jour, ou peut-être plus.

50 kilomètres avant l’arrivée, des montagnes se dessinent au loin. Un émerveillement pour l’esprit habitué jusqu’alors aux lignes d’horizon planes et sans fin.

Après 73 jours, 15 heures et 35 minutes, nous venons de traverser l’Antarctique à ski sans voile de traction. Un Twin Otter vient nous récupérer sur la côte quelques heures plus tard. La base Union Glacier a été démontée et nous sommes attendus pour le dernier vol vers le Chili.

Nous ne savons pas si nous aurons la chance de revenir un jour en Antarctique, alors c’est avec beaucoup d’émotion que nous avons marché, pendant près de 16 heures, le 26 janvier, pour rejoindre Hercules Inlet, le terme de notre expédition. Une journée commencée dans le brouillard, avant que l’horizon ne s’éclaircisse peu à peu, au loin, très loin. Contourner les crevasses et poursuivre cette interminable descente vers l’arrivée. Le regard qui fuit, qui cherche quelques ultimes repères, et le corps qui poursuit son effort sans relâche, mécaniquement. Le GPS qui affiche les derniers kilomètres, le dernier kilomètre. Et puis déchausser une dernière fois les skis. Les regards qui se croisent, en silence. Une étreinte et des pensées qui se bousculent. Le temps qui s’arrête, le temps de l’expédition. Savourer ce moment comme tous les autres. Plus que les autres. Partir. Et puis se projeter à nouveau.

Le dernier Ilyushin a donc quitté l’Antarctique, laissant déserte la base de Union Glacier. Dans quelques jours, le vent forcira emportant nos dernières traces de ski laissées ci et là à travers le continent. Nous savions que ces traces seraient éphémères, mais d’autres, nous l’espérons, viendront à nouveau arpenter bientôt ce désert de glace. Entre temps, la nuit permanente enveloppera ce continent, le rendant encore plus hostile, inhospitalier, et rude. Même si nous sommes, seuls, bien peu de choses face à l’immensité de l’Antarctique, ce continent a besoin de toute notre attention et notre protection.

Que restera-t-il de cette expédition ? 2.045 kilomètres parcourus à travers l’Antarctique en 74 jours, en passant par le pôle Sud. L’expédition en ski sans voile de traction la plus longue réalisée par une femme en Antarctique. La traversée en ski sans voile de traction la plus longue du continent. La première traversée par un couple… Les chiffres ont pour nous peu d’importance, les records aussi. Ils seront, nous l’espérons, rapidement améliorés, par d’autres aventuriers qui iront en Antarctique réaliser leurs rêves. Ce qui nous a portés durant toute l’expédition, et ce qui compte le plus pour nous, ce sont les liens que nous avons noués avec toutes les personnes qui nous ont soutenus avant et pendant l’expédition, toutes ces belles rencontres autour de ce projet qui ont donné du sens à chacun des kilomètres parcourus.